Egérie de John B. Root, Hot d’or de la meilleure starlette 2009, Angell Summers a décidé de raccrocher et c’est le Nouveau Cénacle qu’elle a choisi pour expliquer son choix et pour se confier sur le monde du porno.
Julien de Rubempré : Tu as annoncé la fin de ta carrière porno la semaine dernière, pourquoi ?
Angell Summers : Après plus de cinq ans dans le porno et plus de six ans dans le charme j’en ressentais tout simplement le besoin. J’ai eu la chance de plutôt bien réussir, de bosser avec des gens fabuleux et de voyager partout dans le monde. Je voulais partir tant que je n’étais pas dégoûtée du porno. Et puis partir alors que je continue de fonctionner, de faire des couvertures de magazines, je trouve ça bien moi. Savoir s’arrêter au sommet, si je peux me permettre, c’est pas donné à tous.
JdR : C’est le corps ou la tête qui a dit stop ?
A.S : Je commençais à fatiguer un peu. Physiquement déjà entre les tournages et les voyages le corps est parfois mis à rude épreuve. Mentalement ensuite, c’est pas si simple comme taff. Les voyages par exemple c’est chouette, mais à chaque fois être seule, dans l’avion, l’hôtel et loin de ceux qui comptent parfois c’est dur. Et la critique des gens aussi, je me suis rendue compte que ces derniers temps je la supportais moins. J’avais aussi envie de faire d’autres choses. Je suis ainsi. J’aime changer, évoluer, avoir de nouveaux défis à relever.
« Je vais devoir apprendre à vivre sans être actrice porno »
JdR : Parviens-tu à concevoir le plaisir sans exhibition ?
A.S : A dire vrai je ne peux pas dire oui, en étant sûre à 100%. Bien sûr que ma sexualité dans mes tournages était différente que dans ma vie privée. Je ne suis pas du genre à vouloir partager ces moments intimes de ma vie avec les autres. Je vais devoir apprendre à vivre sans être actrice porno.
JdR : Tu penses que le porno a changé les mentalités depuis vingt ans ?
A.S : Je ne pense pas que le porno à lui seul puisse changer les mentalités. J’aimerais parfois que grâce au porno on se dise, « Tiens elle vit sa sexualité comme bon lui semble ». Nous faisons un métier que très peu acceptent encore aujourd’hui et malgré tout on le fait car il nous plaît, on devrait nous prendre en exemple plutôt que nous insulter.
JdR : Tu fais référence aux féministes ?
A.S : On ne fait que montrer des sexualités qui existent déjà. Nous n’inventons rien, nous les partageons. Les féministes devraient nous aimer plutôt que nous lyncher, nous sommes des femmes libres dans nos têtes et dans nos corps, qui assumons nos choix aux yeux de tous. Le porno pourrait faire changer les mentalités si on nous écoutait vraiment.
JdR : Que penses-tu avoir apporté au X ?
A.S : Oula dure question ! Ça serait plutôt aux autres d’y répondre. J’espère avoir réussi à apporter ma touche perso au porno, une touche naturelle, pro et montrer que les actrices peuvent être des filles équilibrées et bien moins bêtes qu’on ne le pense. Les gens me disent que j’apportais une fraîcheur sur les tournages et que j’étais une extraterrestre. Je trouve que c’est un joli compliment. Oui, ne pas être comme les autres me convient parfaitement.
« Le porno est un des seuls secteurs où la femme a toujours plus d’importance que l’homme »
JdR : Le rôle de la femme a-t-il évolué dans le porno ?
A.S : Oui, je pense que ça commence à évoluer, les actrices deviennent réalisatrices. On a l’occasion de montrer notre vision du porno. Certains magazines, sites Internet s’intéressent à notre personnalité et pas seulement à notre position favorite. Moi personnellement pas vraiment mais toute la même génération d’actrices que moi, oui sûrement. Après il est vrai que le porno est un des seuls secteurs où la femme a toujours plus d’importance que l’homme. A nous maintenant de savoir s’en servir et d’en faire une arme.
JdR : Penses-tu que nous sommes moins coincés qu’avant ? (Au XVIIIe siècle les écrits libertins étaient plus osés que n’importe quel film X des années 2000…)
A.S. : Pour moi c’est tout le contraire, surtout ces dernières années. On me dit souvent que ça doit être plus simple de nos jours d’être actrice car les gens sont plus ouverts. Je trouve que c’est le contraire, les gens c’est tout ou rien. Soit ils veulent organiser un trio avec vous et leur compagnon soit ils vous disent que vous aller finir en enfer. Et avec Internet les gens se permettent de vous juger et vous insulter alors que vous demandez juste qu’on vous laisse faire votre vie. Et il est vrai que si on devait adapter les écrits du XVIIIe siècle en film porno, on nous enfermerait direct. Pour ma part ce ne sont pas les pratiques qui me choquent car chacun est libre de son corps, mais bien la réaction des gens complètement réfractaires.
« Si on devait adapter les écrits du XVIIIe siècle en film porno, on nous enfermerait direct »
JdR : Arrivais-tu à oublier la caméra pendant les scènes ou alors c’est justement l’objectif qui augmentait le plaisir ?
A.S : C’est un mélange, le fait d’être sur un tournage c’est aussi ça qui donne envie. J’ai fait certaines choses car il s’agissait de scènes qui poussent à aller plus loin, à s’amuser, à trouver de nouvelles choses à tester. Mais par contre une fois que ça commençait j’avais besoin d’oublier la caméra. Techniquement parlant, je devais oublier la caméra. A ne pas la regarder. Ni les gens autour.
JdR : Parle-nous un peu de tes projets pour la suite.
En premier je compte continuer à réaliser pour la société Colmax. J’ai fait mon premier film pour eux en mai dernier. D’autres projets sont en cours. J’aime ce milieu et réaliser c’est une façon pour moi d’y rester et d’y apporter de nouvelles choses. J’ai encore beaucoup à apprendre mais j’ai aimé cette première expérience. Ensuite j’ai un projet hors porno, mais pour l’instant je n’en parle pas. Tout ceci sera mis en place d’ici un mois.